Les adolescents pas si accros à la malbouffe*
Surnommés la génération Z, les adolescents d'aujourd'hui se disent préoccupés par la qualité de ce qu'ils mangent et leur équilibre alimentaire.
Par essence, les goûts des adolescents diffèrent de ceux des adultes : en pleine recherche de leur identité, ils ne veulent pas ressembler à leurs parents ! Leur assiette n'échappe pas à la règle. Mais là comme ailleurs, les modes changent. Comment les ados d'aujourd'hui marquent-ils leurs différences en termes d'alimentation ? Pas forcément par une adhésion massive à la « malbouffe », concluent des experts lors d'une conférence organisée par le Fonds français pour l'alimentation et la santé.
Dominique-Adèle Cassuto, médecin nutritionniste, en fait le constat au quotidien dans son cabinet. « D'ordinaire, on me consulte davantage pour des problèmes touchant des filles. Mais j'observe des situations nouvelles avec l'arrivée de parents inquiets par l'attitude de leur fils qui ne veut plus manger de viande dans un souci écologiste. Ces jeunes sont en bonne santé et déterminés, et je dois apprendre à leurs parents comment cuisiner végétarien et à l'adolescent à garder un bon équilibre alimentaire. »
L'attention se relâche à l'entrée dans l'âge adulte
À l'adolescence, manger « c'est exprimer son style ou celui du groupe qu'on s'est choisi », rappelle-t-elle. Chez les adolescents d'aujourd'hui, plus accrochés à leur smartphone qu'à l'ordinateur familial, « la fréquentation des fast-foods reste d'actualité, mais elle relève davantage d'une recherche de convivialité et de mobilité dans le repas plutôt que de l'envie frénétique d'une nourriture que les adolescents eux-mêmes qualifient de “malbouffe” », explique Véronique Pardo, anthropologue.
Selon une étude française (Inserm) réalisée auprès de 15 000 jeunes, 60,5 % des adolescents disent faire attention à leur alimentation, les filles encore plus que les garçons (64 % contre 56 %). Les motivations premières diffèrent aussi selon le sexe : les premières sont plus concernées par leur poids, tandis que les seconds se soucient avant tout de leur santé. L'attention se relâche à l'entrée dans l'âge adulte ; c'est d'ailleurs là que l'on constate un pic de surpoids, rappelle le Dr Cassuto.
La volonté de vouloir « bien manger » est parfois difficile à mettre en place avec le réel de certains. « Une étude européenne montre que les jeunes qui déjeunent chez eux mangent plus équilibré qu'à la cantine, peut-être parce que c'est meilleur. Mais ils sont justement de moins en moins nombreux à rentrer le midi chez eux », constate Laurent Béghin, chercheur Inserm à Lille. Les lycéens et les étudiants sont par ailleurs 90 % à manger entre les repas. Dans un tiers des cas, c'est par faim parce qu'ils n'ont pas eu le temps de prendre le repas précédent.
D'après « Les adolescents pas si accros à la malbouffe » par Pauline Fréour publié le 11/10/2016 sur le figaro.fr
* La malbouffe est le terme populaire donné à la nourriture jugée mauvaise sur le plan diététique en raison notamment de sa faible valeur nutritive et de sa forte teneur en graisses ou en sucres. Les hamburgers, les hot-dogs, les frites, les pizzas, les sodas en sont des exemples.